Dans le cadre de la commémoration des 80 ans de l’Évacuation, les spectateurs étaient nombreux dimanche 1er septembre à se réunir autour de la maison du 25 rue de l’Église à Mothern. Dans la cour, une cinquantaine de bénévoles a joué le tableau vivant reconstituant cet épisode du 1er septembre 1939.
De 15 heures à 17 heures, quatre représentations se sont succédé dans la dignité, la sobriété et le souvenir : un retour vers le passé qui n’est autre qu’un devoir de mémoire, d’autant que parmi les bénévoles âgés de 6 à 83 ans, quatre ont effectivement vécu ce voyage. En mai dernier, un petit groupe avait déjà présenté un condensé de ce triste épisode à Bussière-Poitevine, village de Haute-Vienne où se sont réfugiés les Mothernois.
En s’inspirant de témoignages, Marguerite Arnold a écrit un texte émouvant et complet de l’histoire de l’Évacuation des Mothernois. Elle a trouvé et motivé les figurants, accumulé les habits et les accessoires d’époque, afin de reproduire le plus fidèlement possible l’époque 39-40. Curé, instituteur, institutrice, sœur garde-malades, hommes, femmes et enfants ont mis en scène ces bouts de vie qui ont vu défiler quatre saisons loin de chez eux. « Nous avons décidé de vous offrir cet événement pour que vous puissiez vous remémorer ce que vos parents ou vos grands-parents ont vécu », a-t-elle introduit.
La population doit abandonner ses terres, ses animaux, ses maisons, ses biens
Narrée par Marguerite Oesterlé et entrecoupée de belles musiques, l’histoire a imprégné les spectateurs, happés par une ambiance de peur et d’angoisse lorsque le maire du village annonce en ce 1er septembre 1939 « Mobilisation générale : faites vos bagages, 30 kg sont autorisés et nous partirons à 17 heures de la place du village ». Il ne faut rien oublier tout en emmenant que le strict nécessaire. La population doit abandonner ses terres, ses animaux, ses maisons, ses biens, pour rejoindre l’inconnu, le sud-ouest. Elle partira à pied, en charrette ou à bicyclette pour parcourir 70 km en trois jours, avant de continuer son périple, entassée dans des trains à marchandises ou des wagons à bestiaux avant d’arriver, le 8 septembre, par tramway à Bussière-Poitevine… Oui, quelque 1 155 réfugiés à accueillir et à héberger.
Émouvant, ce spectacle l’a également été par la mémoire orale transmise aux générations d’après guerre. « Ta grand-mère me racontait que c’est dans la cave de cette maison [où s’est tenu l’événement] que notre famille se réfugiait lorsque résonnaient les alertes à la bombe », confiait une mère à sa fille.
Souvenirs et prise de conscience
Dans le public, certaines personnes âgées se souviennent encore très bien de ces tristes événements. « Bien sûr que je me rappelle encore. Vous ne pouvez pas vous imaginer combien c’était difficile ! », confie une femme âgée de 89 ans.
Réunissant cheveux blonds et gris, ce tableau vivant a fait resurgir de vieux souvenirs chez les plus âgés, une prise de conscience chez les plus jeunes. Des langues se sont déliées, des bribes de vie ont été transmises.
Ne laissant personne indifférent, ce spectacle a sans aucun doute contribué à perpétuer ces mémoires personnelles, familiales et historiques.